Histoire de...Patrick Fromanger, Mark Adam et le Golf de Saint-Marc****
- Golfs
Entretien avec Patrick Fromanger, Architecte dplg et de golf
Mark Adam et Patrick Fromanger forment un indestructible tandem « architecte-paysagiste de golf » reconnu en France et en Europe. Les associés sont aussi propriétaires du Golf de Saint-Marc**** (Yvelines), ouvert en 1997. Depuis la terrasse du grand clubhouse, Patrick Fromanger revient sur son remarquable parcours et analyse l’évolution de l’architecture de golf.
Comment a débuté votre carrière ?
Patrick Fromanger : Je suis d’abord architecte DPLG (Diplômé par le Gouvernement) spécialisé dans les bâtiments. Nageur en compétition mais golfeur pour la détente avec mes parents à Saint-Cloud*****, j’ai construit mon diplôme sur les golfs, notamment les golfs et le spectacle. J’étais intéressé par l’influence de la télévision sur la conception des aménagements autour des parcours. Je prenais alors conscience que l’explosion de la télé allait considérablement modifier la façon de dessiner les golfs.
Pour quelles raisons ?
P.F : Les télés imposaient leur vision : il ne fallait plus de golfs trop « simples », les caméras devaient retransmettre des compétitions depuis un théâtre spectaculaire. Ainsi, à Cély-en Bière, nous avons multiplié les massifs de fleurs, les cascades. Les télés étaient satisfaites de ne pas filmer seulement des hectares de gazon. Nous nous sommes aussi lancés dans les « bosses », dans les volumes, pour donner de l’épaisseur au regard.
Nous avions également la volonté de concevoir des golfs avec des gradins naturels pour les spectateurs. C’était la grande tendance aux Etats-Unis. Je m’étais également intéressé au statut du clubhouse pour offrir une vue optimale sur le parcours. Comme j’étais architecte de bâtiment, j’étais frustré par les murs qui empêchaient de voir la nature. L’atout d’un golf devait être de profiter de cette nature, d’imaginer des aménagements grandioses, des délires paysagers autour du clubhouse, des couleurs, des cascades, permettant aussi de rafraîchir l’air, de masquer le bruit des voitures.
C’était donc votre axe de travail pour votre diplôme ?
P.F : Tout à fait. J’ai lu beaucoup de bouquins en anglais sur le sujet. Et j’ai concrétisé mon diplôme sur un stade de golf, une très grande butte de six fois trois trous comme des pétales autour d’un centre constitué d’une gigantesque colline. C’était un concept, lié au spectacle, que j’ai d’ailleurs présenté à la Fédération, très intéressée, mais Hubert Chesneau, aidé de Robert Von Hagge, avait déjà été sélectionné pour le Golf National.
Le président Claude-Roger Cartier cherchait toutefois à encourager de jeunes architectes de golf français – très peu nombreux – et m’a présenté à des investisseurs. Il m’a mis le pied à l’étrier et, du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec un boulot de dingue.
Racontez-nous votre rencontre avec Mark Adam, votre associé depuis toujours ?
P.F : J’ai décroché un premier contrat pour le golf de Vaugouard en 1984 et je cherchais un paysagiste. J’en ai discuté avec Mark qui était tout simplement un copain de golf. En lui présentant le projet, il m’a aussitôt répondu que cela l’intéressait beaucoup et qu’il était prêt à bosser un an gratuitement avec moi pour savoir si nous nous entendions bien !
Puis nous avons travaillé pour la Forteresse*** (77), Cély-en-Bière**** (77) avec, à l’origine, deux 18 trous. Des années 85 à 1992-1993, ce fut assez exceptionnel dans la conception architecturale des golfs. Avec beaucoup de machines, des chauffeurs capables de faire des choses extraordinaires pour remodeler complètement un terrain. Les Américains avaient ouvert la voie. C’était du Disneyland. Tout le monde a été surpris.
De là à ne pas vous engager sur des dossiers avec un minimum de bouleversements sur le site ?
P.F : Non, c’est au contraire très intéressant. Je me suis toujours posé la question : « doit-on tout modifier ou tout garder ? » C’est un vrai problème philosophique : « que fait-on de la nature ? ». Je trouve finalement beaucoup plus excitant de « coller au terrain ». Parce que c’est aussi un challenge beaucoup plus difficile que de faire un très bon golf avec peu d’argent. J’ai le sentiment que les joueurs apprécient cette nature « d’origine ».
Ce ne fut pas le cas pour la création de votre propre golf, Saint-Marc ?
P.F : Effectivement et heureusement car nous sommes là dans une ancienne décharge restructurée. La nature avait été massacrée. Nous avons tout modifié et nous n’avions pas le choix. Ce terrain n’avait rien de naturel.
Pourquoi ce projet, cette fois de « propriétaires-architectes-paysagistes » ?
P.F : C’était la crise, dans le milieu des années 90. Nous n’avions plus de travail et nous souhaitions absolument continuer à œuvrer dans le golf. Nous avions du temps ! Pour demeurer dans ce milieu, soit nous partions à l’étranger, soit nous créions notre propre golf en France qui allait nous permettre de survivre.
Vous avez cherché un terrain ?
P.F : Non, nous étions les architectes du promoteur Dhuiege – avec qui nous avons travaillé pour Vaugouard****, Cély en Bière**** et Belesbat (NDLR : parcours fermé depuis 2013) – qui avait acheté ce terrain de Saint-Marc**** quand, avec la crise, tout a été stoppé. La banque n’a plus suivi. Ou plutôt, elle nous a suggéré de racheter ce terrain de 52 hectares puisque nous connaissions très bien le dossier.
Nous avons répondu que nous n’avions pas l’argent. C’est pour cela que nous l’avons obtenu à des conditions exceptionnelles… Depuis le début de notre association avec Mark, nous avions dans l’idée de posséder notre propre golf. Quand nous avons gagné de l’argent – notamment avec les Japonais -, au lieu de rouler dans de belles voitures, nous, nous épargnions en projetant d’investir un jour sur un territoire.
Et il a fallu construire…
P.F : Oui et c’est là que nous sommes devenus des spécialistes du remblaiement ! Avec 400 camions par jour qui cherchaient des endroits pour vider de la terre. C’est long, cela nous a pris six ans, mais c’était la solution pour notre budget : remblayer pour faire tous les terrassements et gagner ainsi un peu d’argent pour engazonner.
Après, pour l’irrigation, il fallut faire des emprunts. Puis nous avons mis dix ans avant d’édifier le clubhouse, nous contentant d’une cabane de chantier. J’avais appris que ce n’était pas une priorité. D’ailleurs, nous avions presque autant de monde à l’époque que maintenant, avec ce grand clubhouse. Confirmant, si besoin, que les joueurs viennent d’abord pour le parcours.
Justement, comment évolue l’appréciation des acteurs du golf sur les parcours ?
P.F : Quand j’ai débuté, on nous a demandé, avec des budgets « no limit », de réaliser des fairways comme des greens. Comme à Cély. C’était sublime mais il y avait 35 jardiniers ! Les joueurs, à 30m du green, pouvaient sortir leur putter. Cela correspondait à notre volonté de faire du spectacle.
Auparavant, on peut dire que le golf était beaucoup plus sobre. C’est donc la télé qui a fait évoluer l’architecture. Mais entrent aussi en ligne de compte, l’évolution du matériel, la technique et le physique des champions, l’effet de mode qui n’est pas du tout négligeable. Car, aujourd’hui, nous sommes en train de revenir sur du « rétro », du « vintage », des parcours dont seulement la moitié du terrain est entretenu pour moins d’argent investi, ce qui est en phase avec la situation économique.
Et puis la tendance « anglaise », à ne pas transformer la nature, est revenue en force. Avec les exigences environnementales, en accord avec la nouvelle vision de l’homme sur la nature. Et, là encore contrairement aux Américains, les Japonais sont maintenant plus soucieux de la perfection de l’entretien que de la créativité exacerbée. Cette quête du grandiose n’est plus dans l’air du temps, particulièrement en France et en Europe.
Interview réalisé par Denis Lebouvier pour GolfStars
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Stéphane COUDOUX
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