Pour ou contre les trous aveugles au golf ?
- Parcours de golf
Pour ou contre les trous aveugles au golf ?
L’Himalaya, la plus haute chaîne de montagne au monde, est aussi le surnom d’un célèbrissime trou aveugle, le n°5 à Prestwick, par 3 légendaire où le tee shot doit enjamber une haute dune traversant la ligne de jeu. Parmi les trous réputés pour leur caractère « blind » on peut également citer le 17 de ce même parcours de Prestwick (Alps, encore une montagne !), le 15 de Cruden Bay ou encore le 5 de Lahinch (Dell).
Mais au-delà de ces quelques références prestigieuses, les trous aveugles sont aujourd’hui contestés et tendent à se raréfier à mesure que les clubs se modernisent pour satisfaire aux normes de notre époque. Faut-il s’en désoler ?
Les trous totalement aveugles, c’est-à-dire ceux où l’on ne distingue même pas le haut du drapeau, sont en principe davantage subis que souhaités par les architectes. Construits pour la plupart avant l’âge des bulldozers, ils rappellent l’impuissance des pionniers du golf face à la nature. Faute de moyens, on s’accommodait de ce que l’on avait. Ces trous charmants et excentriques font désormais figure de vestiges, les reliques d’un temps lointain que les nostalgiques conservent encore pour leur parfum suranné. On peut les tolérer, voire même les admirer à dose homéopathique, mais gardons-nous bien d’en abuser.
Pourquoi cette réserve contre les trous aveugles ? Parce que le golf est un jeu de visée, il qu’il est donc fondamentalement absurde de proposer des coups sans cible. On peut à la limite accepter de jouer aux devinettes sur un ou deux drives sous réserve qu’une mire indique la ligne à suivre, mais certainement pas sur une attaque de green. Unanimes sur ce point, les architectes modernes recourent sans hésiter aux engins de terrassement s’il faut dégager une vue obstruée. Cela étant, il existe différents degrés d’aveuglement et dans certains cas, des vues partielles, peuvent produire de l’excellent golf.
Il arrive par exemple que le green et le drapeau soient invisibles, mais que la topographie autour du trou permette d’estimer la direction et la profondeur du coup à jouer. Ne pas voir le green est bien moins gênant si on dispose d’autres repères (reliefs, végétaux…) pour le localiser. Pareilles configurations sont parfaitement acceptables tant au titre de la variété architecturale que parce qu’elles remettent la chance au centre du jeu. Attention toutefois : elles peuvent être amusantes pour des membres et des joueurs réguliers, mais elles restent frustrantes lorsqu’on joue le parcours pour la première fois.
Autre cas digne d’intérêt : quand le sommet du drapeau apparaît pour donner la ligne. La difficulté tient alors à l’appréciation de la distance. Qui n’a pas déjà éprouvé cette excitation de grimper vers le green pour découvrir où repose la balle quand on croit avoir tapé le coup parfait ? Une telle joie enfantine ne doit pas être boudée. Les par 3 en montée étant rarement populaires, mieux vaut réserver ces configurations aux par 4 et 5. Un exemple connu de tous les Français : le 10 de l’Albatros.
En synthèse, non aux trous aveugles, mais oui à quelques coups opaques. S’il est détestable de jouer vers des greens invisibles, les bons parcours savent perturber notre œil pour brouiller nos perceptions. Les coups partiellement aveugles contraignent les golfeurs à moins dépendre de leur vision et à développer leur imagination. Quand l’architecture redéfinit notre rapport à l’espace…
Patrice Boissonnas – Architecte de golf
Stéphane COUDOUX
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