Petites structures de golf pour tous, grands succès pour chacun

Débutez et jouez au golf près de chez vous

S’accorder moins de deux heures pour frapper la balle ; encourager ses amis à oser le golf  en franchissant le seuil d’un  petit  golf compact, pitch and putt ou practice ; inciter les jeunes à découvrir ce sport ludique et proche de la nature… Autant de bons arguments qui ont forgé le plan des 100 petites structures en France, initié à l’occasion de l’organisation de la Ryder Cup. Plus de 200 dossiers furent déposés !

En se portant candidat à l’organisation de la Ryder Cup 2018, pour la seconde fois en Europe continentale après Valderrama (Espagne) 1997, la France avait dans son épais dossier pour convaincre un argument en fer forgé : développer la pratique du golf avec la création de petites structures destinées notamment à implanter l’activité en milieu urbain. Mais pas que.

Un peu plus de 20 ans après le dépôt de la candidature et 3 années après le merveilleux succès – populaire, médiatique, sportif – de la Ryder Cup, le bilan de l’opération est remarquable. Collectivités régionales et locales avec les communes et les intercommunalités, investisseurs privés, ont emprunté les fairways de la découverte d’une discipline sportive aux multiples vertus. Pour y parvenir, les aides financières ont porté ainsi sur trois structures : les practices, les pitch and putt – la longueur totale du parcours est inférieure à 600 m pour 9 trous ; 1 200 m pour 18 trous et les golfs compacts – la longueur totale du parcours est comprise entre 600 m et 1 375 m pour 9 trous ; entre 1 375 m
et 2 750 m pour 18 trous.

Complémentaire de l’offre traditionnelle des grands golfs de 9 trous et plus, ces petites structures s’adressent à tous les publics (débutants, confirmés, scolaires, familles, actifs ou retraités) souhaitant réaliser leurs premiers swings ou s’entraîner, aspirant à jouer des parcours plus accessibles par leurs tarifs et leur localisation, notamment en proximité urbaine. Outre l’objectif de pouvoir profiter des installations en pouvant se limiter à une heure de pratique, l’aspect ludique prend une dimension essentielle.

C’est toute la philosophie de Cap Golf, ouvert en 2013 au Cap-Ferret au bord du Bassin d’Arcachon. Depuis un petit practice de huit postes, un pitch and putt fut réalisé au cœur d’une forêt de pins. Les 9 trous affichent une longueur de 42 m à 75 m pour une distance totale de 290 m. Et l’offre attractive est complétée par des activités de footgolf, d’un laser game, d’un boulodrome et d’un club-house avec piscine. L’école de golf bat son plein dans un environnement préservé : « En réalisant la construction des départs et des greens (de 150 m² à 180 m²) en gazon synthétique, nous nous positionnons clairement dans une démarche de développement durable en préservant au maximum les ressources du terrain mis à notre disposition » , souligne-t-on chez Cap Golf. « C’est un vrai modèle écologique ne nécessitant donc ni arrosage, ni tonte, ni utilisation de produits phytosanitaires »

 

 

Les initiatives se sont aussi multipliées dans les grandes agglomérations, comme à Marseille (sur l’hippodrome Borely), à Saint-Cloud (là encore sur un hippodrome), à Bethune, à Nantes (Neogolf de Saint-Herblain), à Chartres (Fontenay-sur-Eure) ou à Tours. « Notre agglomération a souhaité s’impliquer dans la construction d’un « Golf Compact Urbain » pour plusieurs raisons, expliquait Jean Germain Maire de Tours, à l’origine du projet. C’est la volonté d’offrir à tous l’accès à une nouvelle pratique sportive, en complétant les activités en site naturel du parc de La Gloriette, avec un outil pour couvrir les besoins en enseignement et initiation. Les pratiquants ne cessent de prospérer, scolaires compris, au point qu’il est envisagé un parcours traditionnel… » Depuis, La Gloriette, outre son pitch and putt originel, dispose en effet de 9 trous homologués.

Le succès est aussi remarquable à Pont-Audemer, petite ville de Normandie avec près de 10 000 habitants. Plusieurs amis golfeurs, habitués des fairways parisiens ou de la côte normande, ont sollicité une rencontre avec leur maire pour envisager la simple élaboration d’un practice. Pensant à un joli terrain sauvage de la cité demandant un entretien régulier, l’édile proposa à ses administrés golfeurs nomades de confier le site et d’envisager quelques trous…

L’association était créée, le practice monté, les par 3 imaginés et conçus avec des greens « rustiques », simplement tondus plus ras sur un tapis d’une herbe normande bien nourrie et résistante. Le succès fut quasiment immédiat : durant ses premières saisons, Pont Au Golf était dans le peloton de tête des plus fortes progressions de licenciés des clubs de France.

Aujourd’hui, toujours basé sur le dynamisme et la disponibilité de ses bénévoles, le golf de Pont-Audemer dispose d’un 9 trous homologués, 260 licenciés qui payent une cotisation annuelle de 280 euros (pour les plus de 25 ans), accueille les enfants des écoles chaque semaine… Et attend son club-house avec impatience grâce à la municipalité toujours enthousiaste dix ans après.

Effectivement, ce grand plan « 100 petites structures en 10 ans » aura bénéficié d’un très fort soutien de la puissance publique : 15 à 20 % des projets ont été subventionnés par l’État et les collectivités locales. « L’époque durant laquelle le golf était observé par les décideurs publics comme un sport de nantis qui n’avait pas besoin d’aides est complètement révolue », se réjouit-on à la Fédération. « Le retour du golf dans le programme olympique, la Ryder Cup en France ont eu un impact colossal sur les mentalités, y compris aussi chez les partenaires privés qui, de nouveau s’intéressent à la discipline. Et nous remarquons aussi que les petites structures attirent un public plus féminin »

Avec cette opération, le golf français aura également suscité quelques initiatives, peut-être là où on s’y attendait le moins : le Royal & Ancient lui-même, l’instance dirigeante mondiale, a fait l’acquisition d’un petit équipement à proximité de Glasgow (écosse). « Il reste toutefois un combat à mener et à gagner, précise la Fédération Française de Golf. Une frange minoritaire de la population, pourtant attirée, estime à tort que « le golf ce n’est pas pour moi », qui considère encore le golf comme une activité élitiste. »

Le bon chemin vers l’objectif semble malgré tout parfaitement emprunté.

Propos recueillis par Denis Lebouvier, Rédacteur en Chef de GolfStars Le Mag’

Le Golf du Bois de Boulogne à Longchamp