LIV Golf, le circuit de trop ?
- Tournoi de golf
Golf pro, LIV, Greg Norman et les Saoudiens
Créé cette saison 2022 avec le coup d’envoi du 09 au 11 juin au Centurion Club de Londres par les Saoudiens, financiers su P.I.F ( Fonds d’Investissement Public) et dirigé par Greg Norman, le LIV Golf tente une entrée en force. Les grands circuits se rebiffent. L’année 2023 s’annonce sanglante.
Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre que le nom du nouveau circuit de golf, LIV Golf, ne se prononce pas comme il s’écrit. Il faut plutôt puiser dans ses connaissances latines pour décrypter ce nouveau sigle. Finalement, LIV signifie 54 comme un score jamais réussi de 18 coups sous le par, à l’image de Vision 54, le concept inventé par Pia Nilsson, l’ex coach d’Annika Sörenstam. En reprenant l’adage de l’homme de lettres français du 17e siècle, Nicolas Boileau, « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », on constate que ses créateurs ont oublié de relire leurs classiques. Ils ne connaissaient pas les auteurs français.
Depuis son apparition, le LIV Golf fait couler beaucoup d’encre et entraîne un déchirement dans ce monde sans vagues. A sa tête, Greg Norman, un champion qui rêve depuis des décennies à inventer le golf de demain. Un temps, c’était l’idée d’un circuit mondial que l’Australien tentait de promouvoir. Là, épaulé par un fonds souverain saoudien aux dollars illimités, il a créé un circuit de tournois sur 3 tours, en shot gun, sans cut, indécemment dotés de sommes sans commune mesure avec le talent des joueurs ayant signé avec lui.
Le golf mondial avait-il besoin de ce nouveau circuit LIV golf ?
Ma réponse est non. Chaque semaine, les pros ont des tournois à jouer sur tous les continents. Ils sont loin d’être au chômage technique. L’argent y coule à flot et tous peuvent allumer un cierge en pensant à Tiger Woods qui leur a largement permis de gonfler leurs comptes en banque depuis 30 ans.
Face à ce concurrent, le PGA Tour ne compte pas voir son business model tomber dans les mains de saoudiens. Dès que les joueurs ont montré leur volonté de participer aux tournois du LIV Golf, les sanctions sont tombées tel un couperet implacable. Exclusion du circuit, de la Ryder Cup, de la FedEx Cup… Plus timide, le DP World Tour européen prend davantage son temps avant de décider des sanctions, encore que le « licenciement » d’Henrik Stenson du capitanat de la prochaine Ryder Cup au profit de Luke Donald, est un avertissement aux futurs réfractaires. Excepté peut-être Mollie Marcoux Samaan, la Boss du LPGA (circuit féminin) qui se tiendrait prête à discuter avec Greg Norman, préférant « …travailler ensemble plutôt que par des organisations séparées… »
Golf, dollar et sport
Le plus étonnant est le nom des joueurs ayant rejoint le LIV Golf sous prétexte qu’ils pourraient jouer moins, gagner plus d’argent et rester plus longtemps en famille. Les Dustin Johnson, Charl Schwartzel, Patrick Reed… ne jouent-ils donc plus que pour l’argent ? Quelle déception ! Quand on sait qu’une carrière se définit à l’aune de grandes victoires majeures, on reste scotché devant ce manque de respect vis-à-vis de l’histoire du golf.
Le LIV Golf est aussi la nouvelle caisse de retraites des anciens du circuit, les Garcia, Westwood, Poulter… tous ces joueurs de plus de 40 ans en fin de carrière, heureux de palper des liasses de billets inespérés, avant de poursuivre leurs activités lucratives sur le Senior Tour. C’est aussi le jackpot pour d’illustres inconnus, tout heureux de compléter la liste des joueurs inscrits à ce circuit qui annonce 14 tournois en 2023.
Alors le LIV Golf a-t-il un avenir ? Difficile de se projeter dans ce monde en plein bouleversement. Comme l’argent ne manque pas, les Saoudiens ayant encore de belles réserves de pétrole, c’est juste l’intérêt pour ces compétitions qui n’en ont pas qui pourrait être fatal à ce (comment on dit déjà ? Liv ou 54) circuit d’un autre monde.
A propos de Greg Norman, DIRECTEUR GÉNÉRAL LIVGOLF
Ancien n°1 mondial et membre du World Golf Hall of Fame, Greg Norman (surnommé le Shark à l’image de la gamme de textile représentant un requin) est sans doute l’athlète devenu homme d’affaires le plus prospère au monde. Sa vision de l’avenir du jeu de golf positionne LIV Golf Investments à la pointe de l’innovation dans l’industrie.
Par Jean-François Bessey pour GolfStars.com
Crédit photos : (Chris Trotman/LIV Golf/Getty Images)
Jean-François Bessey
Grand reporter et dernier rédacteur en chef de Golf Européen, une carrière de de 22 ans au service du golf.